Deux jours après mon retour, voilà que les doutes m'envahissent.
Être entourée de personnes gentilles, serviables, de bonnes volontés, bienveillantes,....qui
passent me voir, me demandent des nouvelles (au quotidien pour certaines), m'apportent
des délicieux plats, des gourmandises, des fleurs, des cartes d'encouragements (et tous les mots doux virtuels), des moments plus tranquilles avec le filles,.... Tout cela car je ne peux bouger comme je le souhaite à cause de
mes drains et la fatigue...une situation que j'ai peu vécu dans ma vie...en tous
les cas pas de cette ampleur.
Et pourtant, je ressens un sentiment de solitude, car la
conscience que cette « cacahuète » (et oui finalement c'est devenu le
terme choisi pour remplacer le mot barbare de « cancer ») est bel et
bien présent (enfin plus tout à fait) en moi et que je suis seule face à moi-même pour ce combat physique.
Je suis en plein convalescence de l'opération, je suis fatiguée, ...je
sais que je dois me donner plus de temps, être patiente,....et c'est très compliqué
d'accepter cela. Je veux bouger, reprendre ma vie, mon énergie,...et puis que
vais-je faire avec tout ce qui m'arrive dans quelques mois, est-ce que cela me
servira à me poser les bonnes questions, à mettre les bonnes priorités, ...
est-ce que toute cette « aventure » m'aidera réellement à trouver l'endroit
où je suis sensée être. (Cfr. citation sur la page d’accueil)
Aujourd'hui (enfin hier 😉), les larmes coulent un petit peu. Elles coulent en
présence d'une amie qui m'est chère. Je ne sais pas trop ou je vais. J'entends
ma plus jeune : « Maman, on n'a pas l'habitude de te voir ainsi. D'habitude
tu cours dans tous les sens ».
Je me demande si tout ce que j'étais avant l'opération, correspond à mon « vrai » moi. Tout ce surplus d'énergie
que je possédais, faisait-elle réellement partie de moi. Ou était-ce une image
que je donnais ? Je suis dans un flou total....à moins d'une semaine de l'opération,
mon entourage me répète : « Donne-toi le temps, c'est encore trop
tôt, c'est normal ». Ok, pour un moment je veux bien l'entendre, mais
pour combien de temps...et comment vais-je rebondir ? Pourtant je crois très
fort au destin, à l'univers qui sait ce qu'il fait, aux choses qui se mettent
en place quand il se doit...et que nous créons notre monde par l'énergie que nous dégageons,...et pourtant aujourd'hui, je doute beaucoup de cette énergie que je
dégage depuis quelques années... l'éducation de mes filles, un divorce, de l'énergie
revendue durant différents boulots, 2 licenciements (est-ce que les employeurs me
comprennent pas assez ? Suis-je peut-être trop ceci, trop cela, pas assez ?
Ou jamais à ma place ?), des projets personnels, la photo, le
développement personnel, de multiples formations,....tout ça pour que la « cacahuète » s'invite
sans crier gare (alors que je vie dans une famille ou le cancer y est, à
priori, pas présent).
Heureusement, mon outil fétiche est l'humour et le sans-tabou.
Le premier allège le quotidien, relativise et fait sourire. Important de
sourire et de rire. L'humour m'aide aussi à ne pas trop prendre au sérieux le
quotidien et moi-même. (N'ayez crainte, je peux m'arrêter pour des sujets plus
lourds et en fonction de la sensibilité de tout un chacun. Et puis ceux et celles
qui ne comprennent pas mon humour, c'est qu'ils ne doivent pas être là).
Le deuxième, le sans-tabou (et je nomme dans la même catégorie "se mettre des œillères" 😉), est une valeur (est-ce vraiment
une valeur ?) qui a grandement pris de la place dans ma vie ces derniers temps. La tabou ronge
de l'intérieur, le tabou se ressent (pour les personnes plus sensibles), le tabou
blesse, le tabou cache la vérité...certes, la vérité peut aussi blesser, néanmoins les choses sont alors
claires, évite que certaines histoires se répètent et surtout que les maux ne se manifestent dans le corps.
La vérité peut « détruire »
un moment certaines relations ou certains événements, mais je suis persuadée qu'à long
terme la roue tourne (clin d'œil à ma collègue-amie 😘) et les dégâts peuvent être
bien plus catastrophiques si rien n'est exprimé.
Alors mesdames, messieurs, je vous déclare
officiellement, à ce jour, que je n'attirerai que des relations seines,
honnêtes, authentiques et vraies...enfin, je vais essayer, car je dois encore un
peu faire du nettoyage afin que mon cheminement intérieur soit un peu plus
défini chaque jour. Et tant pis, s'il ne me reste plus beaucoup d'amis ou
famille (car dans la famille aussi, on ne peut s'entendre avec tout le monde.
Le lien du sang ne fait pas tout). Ou moins, j'aurai choisi ceux et celles qui
entrent dans ma vie...et surtout ceux et celles qui y resteront. Oups, c'est
assez catégorique....peu importe, les vrais de vrais ne doivent pas s'inquiéter. Love 😍😘