Les doutes, l’humour et le tabou.

26/03/2022

Deux jours après mon retour, voilà que les doutes m'envahissent. Être entourée de personnes gentilles, serviables, de bonnes volontés, bienveillantes,....qui passent me voir, me demandent des nouvelles (au quotidien pour certaines), m'apportent des délicieux plats, des gourmandises, des fleurs, des cartes d'encouragements (et tous les mots doux virtuels), des moments plus tranquilles avec le filles,.... Tout cela car je ne peux bouger comme je le souhaite à cause de mes drains et la fatigue...une situation que j'ai peu vécu dans ma vie...en tous les cas pas de cette ampleur.

Et pourtant, je ressens un sentiment de solitude, car la conscience que cette « cacahuète » (et oui finalement c'est devenu le terme choisi pour remplacer le mot barbare de « cancer ») est bel et bien présent (enfin plus tout à fait) en moi et que je suis seule face à moi-même pour ce combat physique.

Je suis en plein convalescence de l'opération, je suis fatiguée, ...je sais que je dois me donner plus de temps, être patiente,....et c'est très compliqué d'accepter cela. Je veux bouger, reprendre ma vie, mon énergie,...et puis que vais-je faire avec tout ce qui m'arrive dans quelques mois, est-ce que cela me servira à me poser les bonnes questions, à mettre les bonnes priorités, ... est-ce que toute cette « aventure » m'aidera réellement à trouver l'endroit où je suis sensée être. (Cfr. citation sur la page d’accueil)

Aujourd'hui (enfin hier 😉), les larmes coulent un petit peu. Elles coulent en présence d'une amie qui m'est chère. Je ne sais pas trop ou je vais. J'entends ma plus jeune : « Maman, on n'a pas l'habitude de te voir ainsi. D'habitude tu cours dans tous les sens ».

Je me demande si tout ce que j'étais avant l'opération, correspond à mon « vrai » moi. Tout ce surplus d'énergie que je possédais, faisait-elle réellement partie de moi. Ou était-ce une image que je donnais ? Je suis dans un flou total....à moins d'une semaine de l'opération, mon entourage me répète : « Donne-toi le temps, c'est encore trop tôt, c'est normal ». Ok, pour un moment je veux bien l'entendre, mais pour combien de temps...et comment vais-je rebondir ? Pourtant je crois très fort au destin, à l'univers qui sait ce qu'il fait, aux choses qui se mettent en place quand il se doit...et que nous créons notre monde par l'énergie que nous dégageons,...et pourtant aujourd'hui, je doute beaucoup de cette énergie que je dégage depuis quelques années... l'éducation de mes filles, un divorce, de l'énergie revendue durant différents boulots, 2 licenciements (est-ce que les employeurs me comprennent pas assez ? Suis-je peut-être trop ceci, trop cela, pas assez ? Ou jamais à ma place ?), des projets personnels, la photo, le développement personnel, de multiples formations,....tout ça pour que la « cacahuète » s'invite sans crier gare (alors que je vie dans une famille ou le cancer y est, à priori, pas présent).

Heureusement, mon outil fétiche est l'humour et le sans-tabou.

Le premier allège le quotidien, relativise et fait sourire. Important de sourire et de rire. L'humour m'aide aussi à ne pas trop prendre au sérieux le quotidien et moi-même. (N'ayez crainte, je peux m'arrêter pour des sujets plus lourds et en fonction de la sensibilité de tout un chacun. Et puis ceux et celles qui ne comprennent pas mon humour, c'est qu'ils ne doivent pas être là).

Le deuxième, le sans-tabou (et je nomme dans la même catégorie "se mettre des œillères" 😉), est une valeur (est-ce vraiment une valeur ?) qui a grandement pris de la place dans ma vie ces derniers temps. La tabou ronge de l'intérieur, le tabou se ressent (pour les personnes plus sensibles), le tabou blesse, le tabou cache la vérité...certes, la vérité peut aussi blesser, néanmoins les choses sont alors claires, évite que certaines histoires se répètent et surtout que les maux ne se manifestent dans le corps.

La vérité peut « détruire » un moment certaines relations ou certains événements, mais je suis persuadée qu'à long terme la roue tourne (clin d'œil à ma collègue-amie 😘) et les dégâts peuvent être bien plus catastrophiques si rien n'est exprimé.

Alors mesdames, messieurs, je vous déclare officiellement, à ce jour, que je n'attirerai que des relations seines, honnêtes, authentiques et vraies...enfin, je vais essayer, car je dois encore un peu faire du nettoyage afin que mon cheminement intérieur soit un peu plus défini chaque jour. Et tant pis, s'il ne me reste plus beaucoup d'amis ou famille (car dans la famille aussi, on ne peut s'entendre avec tout le monde. Le lien du sang ne fait pas tout). Ou moins, j'aurai choisi ceux et celles qui entrent dans ma vie...et surtout ceux et celles qui y resteront. Oups, c'est assez catégorique....peu importe, les vrais de vrais ne doivent pas s'inquiéter. Love 😍😘