La cacahuète et les filles

05/04/2022

L'annonce de la cacahuète aux filles s'est faite en plusieurs phases. Comme l'annonce pour moi a connu différentes étapes.

L'annonce s'est faite tout simplement. Les enfants ont besoin de la vérité, avec des mots adaptés à leur âge. Il est important de créer des échanges, d'en parler, d'accueillir leurs questions, leurs réflexions....sans-tabou.

Chaque enfant est différent. Ici, la grande est plus taciturne, alors que la plus jeune ne cessent de poser des questions, d'envoyer des emoticons d'encouragements, me téléphone quand elle est chez papa, ...pourtant, je sens que la grande fait sa « détachée », mais elle n'en pense pas moi. Elle n'hésite pas à « m'engueuler », quand elle voit que je force trop. C'est un autre « fonctionnement ». En étant attentive au mode d'expression de chacune, je m'adapte, je donne les réponses adéquates.

Le jour ou je suis revenue de la gynéco avec la nouvelle que l'examen de la mammo fût mauvaise, ma grande se trouvait à la maison, grippeuse, avant de retourner chez son papa en fin de journée. C'était avant mon premier rdv à Bordet et donc j'ai pu lui expliquer que le tout serait plus clair dans l'après-midi. Que j'étais inquiète et triste par rapport à la situation, mais que la cacahuète se guérirait. Il n'y a aucuns doutes là-dessus, car 95% se guérit. Je me montrais confiante, car je n'aime pas la victimisation, même si l'émotion était bien présente.

Elle m'a vu en larmes et très émotive. Ma grande se maîtrise très bien (trop probablement) et a parlé d'un autre cas qu'elle connaissait déjà, d'une manière très sereine et même avec humour en m'expliquant que la personne en question avait expliqué que 'grâce' à la chimio, elle avait perdu tous ses cheveux gris. Bon, vu comme ça 😉...donc, la maladie elle connait, ce qui facilite un peu les explications et les attentes. Connaissant la sensibilité de ma plus jeune (et qui était à l'école à ce moment-là), j'ai proposé à ma grande que je prendrai à charge l'annonce.

Être émotive devant ses enfants n'est absolument pas une faiblesse. Au contraire même, cela montre que les parents, malgré leurs responsabilités, peuvent se sentir triste et que montrer ses émotions peut soulager. Que les émotions peuvent être agréables et moins agréables. Elles ne sont pas bonnes ou mauvaises. En les accueillant comme telles, elles passeront plus facilement aussi, comme un nuage qui arrive et puis repart. Les émotions sont comme une boussole. Elles indiquent ce qui se trame à l'intérieur de soi, ce qui permet d'accueillir cet « état » et de le réajuster, si nécessaire. Si on n'exprime pas les émotions, elles se coincent quelque part dans le corps...avec la suite qu'on connait.

Deux semaines plus tard (il y avait les vacances de février), j'ai récupéré les filles et là j'ai du informer la plus jeune, plus sensible, plus inquiète en générale. Elle, aussi connait des autres cas et donc le sujet ne lui est pas inconnu. Ma plus jeune est plus extravertie et donc les semaines qui ont suivies, elle s'est pleinement exprimée par : des petits mots écrits, par whatsapp, par sms à l'heure des rdvs importants (avec l'accord de son prof), par la négociation d'une fleur chez la fleuriste pour sa maman qui est malade, par beaucoup de questionnements....auxquels elle a toujours reçu des réponses. Un enfant ressent les choses. A nous de leur dire simplement, à hauteur de leur connaissance, leur sensibilité, de leur peur, ....

Pour expliquer la guérison et les traitements, toujours en imagé, il est facile d'utiliser le poux (encore un clin d'œil à ma collègue-amie 😘). Le shampooing anti-poux aide à enlever la majorité des poux. Néanmoins, il existe des petits filous de poux qui s'échappent, alors on utilise en complément au shampooing : le peigne, un produit répulsif, on lave les draps/les doudous,....pour mettre toutes les chances de son côté et pour en être quitte, une fois pour toute (enfin, cela fait 6 ans que j'essaie 😂). Bref, c'est comme pour la cacahuète, il existe des soins et des traitements de base et puis les traitements complémentaires afin d'éviter que la cacahuète revienne à plus long terme.

Pour revenir à mes ados préférés, la vie au quotidien et le fait que je ne puisse pas, après l'opération, lever le bras, ni porter des éléments lourds, elles ont du s'y mettre un peu : un peu plus vider le lave-vaisselle que d'habitude, un peu plus mettre et débarrasser la table que d'habitude, m'aider à me laver les cheveux, ranger davantage, par-ci, par-là des petites courses, ....Néanmoins, elles restent des ados. Des petits êtres qui grandissent, dont leur propre caractère se forme de plus en plus. Des petits êtres qui se croient déjà grands, alors qu'il est bien de parfois leur rappeler quelques attitudes de savoir-vivre 😉...bref, des petits êtres pour qui la vie continue avec leur petits tracas à elles, et que, dès qu'elles sont chez maman, l'organisation est un peu adaptée, mais pas insurmontable. Leurs activités et leurs sorties restent de mises. J'y mets un point d'honneur, dans la mesure du faisable.

Grâce à votre soutien, elles sont rassurées de savoir que nous sommes, toutes les 3, bien entourées.

Pour les semaines à venir, je tâcherai de planifier les traitements lors des semaines ou elles logent chez papa (sur le coup, le divorce est une bonne chose 😉). Il y a une solution pour tout. Le bien-être des filles avant tout....et pour cela, je pense au mien aussi.

Si maman reste confiante, les filles le restent aussi.