[Écriture et lecture libératrice] C'est la faute à....
Un texte crée dans le cadre d'un stage à l'Asbl Re-Source, animé par Amandine.
5 patientes atteintes du cancer ont mis par écrit ce qui les traversait et comment elles vivent la maladie.
Ancrage, libération, tendresse, chant, humour, auto-dérision,...
Le partage de mon texte personnel ci-dessous est important pour moi, car cet écrit m'a soulagé et m'a fait, encore un fois, avancé et m'a aidé à me libérer encore un petit peu plus.
Après 4 matinées de bienveillance, d'échanges profonds, des réflexions,...nous sommes sorties de notre zone de confort en organisant une lecture partagée devant un public.
Une magnifique expérience 🙏🏻
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C'est la faute à….
Première réaction face à la maladie.
Pourquoi le cancer m'a envahi ?
Pourquoi cette chose à modifié ce corps, mon corps ?
Pourquoi moi, nous, toutes ces femmes qui n'ont rien
demandé?
Pourquoi ?
La société aime trouver des coupables.
Cela rassure…
Cela nous déresponsabilise…
Cela soulage…
… pour juste un moment seulement.
Le cancer, une maladie qui veille
en nous.
Dans le silence, elle s'installe dans le corps.
Prend petit à petit plus de place, une grande place.
Un jour, elle crie plus fort, elle
en marre de manquer de place.
Alors, elle décide de la prendre, sans réfléchir aux conséquences.
Elle s'en fout de la personne dont elle envahie le corps.
Elle y va.
Elle ne me demande pas si je me sens bien, si sa venue vient au bon moment dans
ma vie.
Elle ne me demande pas si la période est propice à l'accueillir au cœur de mon
foyer.
Elle ne négocie pas.
Elle impose son pouvoir et sa présence…tient, comme ce fameux pouvoir bien
connu qui dicte l'égo, qui nous mène parfois vers l'insensé.
Le cancer ne connait pas la
communication non-violente.
La personne malade ne comprend pas.
Alors, commence une phase de deuil.
Premièrement, le déni, une
période passée d'une manière inaperçue.
L'opération sous anesthésie est arrivée en mode « Formule 1 ».
En me réveillent, plus de sein, un petit bout de moi qui a disparu….rien de
plus réel.
Alors, le déni, vous savez ?
Ensuite vient la colère ... qui arrive, qui repart, qui revient, qui repart et s'adoucit avec le temps.
Il s'en suit la tristesse.
N'est-elle pas cachée derrière la colère ?
Une tristesse fluctuante en fonction des maux physiques et physiques.
Finalement, arrive l'acceptation.
Mwouai « accepter » est un bien grand mot.
Je préfère
« accueillir ».
L'acceptation demande plus de temps.
Je me demande
si, un jour, j'accepterai.
C'est la faute à ….
Je n'ai pas choisi la maladie, donc
c'est forcément la faute à…
mon enfance,
mon éducation,
mon divorce,
les personnes malveillantes,
le stress,
mon alimentation,
mes choix
…forcément !
Je pourrais m'en tenir au passé, à ce passé pas toujours joyeux, pas toujours en phase, dans 1 moule, sans savoir qu'il en existe d'autres (des moules, pas des vies…quoique).
Comprendre que les moules dans toutes leurs tailles et formes différentes peuvent très bien vivre ensemble, sauf que les plus tordus sont à proscrire.
Et c'est là que « c'est la faute à… » se nuance.
La faute d'autrui ?
Vraiment ?
La faute de mon voisin ?
De mon collègue, de mon passé, de la politique ?
Qui crée mon bonheur et parcours le
chemin de ma vie ? Qui ?
Qui saisit les opportunités ?
Qui fait les choix (les bons comme les mauvais) ?
Qui détient la vérité d'une vie réussie ?
Qui détient la vérité absolue des « il faut », « je dois »
sinon tu….sinon quoi ?
La maladie n'a pas été un choix
délibéré.
Elle s'est invité, sans invitation.
Si elle ne s'était pas incrustée, serais-je devenue celle que je suis
aujourd'hui ?
C'est la faute à …
Oui, c'est la tienne.
C'est la leur.
C'est la mienne.
Tous semi-responsable de ce qui nous arrive.
Tous semi-responsable de tout un chacun.
Tracer sa route
Prendre sa place
Tous les jours, de nouveaux défis.
Rager, un peu, beaucoup, trop…un petit tour et puis s'en va.
S'affirmer…en douceur.
Par contre, tous responsables de
l'amour qu'on partage.
L'amour est une affaire personnelle.
Ne dit-on pas qu'il est nécessaire de s'aimer d'abord soi, pour ensuite
rayonner davantage cet amour vers l'extérieur ?
Une chose est certaine….
C'est la faute à…
… et j'accuse, j'accuse les autres avec joie de me donner cette chance de
commencer à m'aimer.
Je commence à m'aimer…
- Grâce à l'amour toxique
- Grâce à l'amour du cancer qui s'est glissé en moi
- Grâce à l'amour de mes employeurs et de mes licenciements.
- Grâce à l'amour des « il faut », des « je dois »
- Grâce au mal-être sociétal
- Grâce à tous les « oui » aux autres et tous les « non » à moi-même.
- Grâce à toutes les comparaisons mal-placées
- Grâce aux amours loupés, futiles et platoniques.
- Grâce aux amitiés corrompues
Alors OUI à la vie.
Grâce à « c'est la faute à … »
Je choisi d'aimer, de m'aimer, ni plus, ni moins et à ma façon.
La vie va 🙏🏻